Avec plus de 10 000 entrées par jour, le Motocultor est le deuxième plus grand festival de l’Hexagone. Situé au cœur de la Bretagne, à Saint-Nolff dans le Morbihan, il se déroule chaque été autour de la mi-août, période souvent sujette aux caprices météorologiques qui, bien que présentes cette année, n’altérèrent en rien la bonne humeur et la motivation des festivaliers.
Pour la première fois depuis sa création en 2007, le Motocultor intègre cette année une quatrième journée de concerts, avec une fréquentation record atteignant les 42 000 personnes sur l’ensemble du festival. Ce succès, amplement mérité, le Motocultor le doit a sa programmation équilibrée et variée, mais aussi à son cadre accueillant et à ses vaillantes « hordes » de bénévoles qui affichent toujours un sourire accueillant en toutes circonstances. Certes tout n’est pas parfait, notamment au niveau de l’organisation, mais les quelques petits aléas se font rapidement oublier tant l’ambiance y est toujours chaleureuse et a su conserver une dimension humaine, et cela malgré le succès sans cesse grandissant du festival. Cette atmosphère unique, bien perçue par les festivaliers, fait que sur le site nous avons toujours le sentiment d’être « entre potes ».
Cette première journée de festival, à consonance «metal-médiéval-celtique», accueille en tête d’affiche Alan Stivell et Excalibur (opéra rock celtique intégrant plus de 120 musiciens dont de nombreux « guest-stars »). Histoire de parfaire l’ambiance, le site profite alors de cette occasion pour se parer d’un sympathique village d’inspiration médiévale qui s’accorde bien à la dominante musicale de la soirée.
C’est à Corvus Corax que revient l’honneur d’ouvrir le bal, une tâche pas toujours facile mais dont le groupe allemand de rock « néo-médiéval » s’affranchit avec succès. Je me dirige ensuite vers la Dave Mustage dans l’idée de couvrir Stille Volk et là, catastrophe : la scène, affublée d’une avancée à l’occasion de la future symphonie celtique, a été nettement rehaussée par rapport à l’année dernière sans que le pit photo ait été élargi. Il y est donc bien difficile de photographier correctement les artistes sans sombrer dans une contre-plongée outrancière. De fait, les photographes présents s’agglutinent d’instinct autour des deux seuls spots exploitables (sur les côtés de la scène). Or, si les musiciens ne font pas l’effort d’avancer vers nous (ce qui, selon les circonstances, n’est pas toujours possible), il est illusoire d’espérer obtenir une image intéressante. Mais quelle mouche a donc piqué les organisateurs pour accoucher de cette horreur ? Tous les photographes avec lesquels j’ai discuté du problème sont unanimes : cette année la Dave Mustage, mal conçue, risque fort de ruiner nos espoirs photographiques. Mais revenons aux occitans de Stille Volk. Leur prestation est correcte mais un peu trop sage à mon goût.
Retour
devant la Massey Ferguscène où Alan
Stivell,
accompagné de sa harpe, se produit en compagnie d’une violoniste,
d’un percussionniste, d’un claviériste et deux deux guitaristes.
Le célèbre harpiste semble heureux d’être là même si son
concert, assez court et manquant d’allégresse, ne restera sans
doute pas dans les annales. J’ai cependant été heureux de
photographier en « live » ce grand défenseur de la
musique celtique.
Vient ensuite l’heure d’Excalibur
qui
célèbre
ses 20 ans via un show de plus de trois heures ! C’est bien là
que le bât blesse, car
même si l’ensemble, composé
en grande partie du
Bagad D’Elven, est mené de main de maître par Alan Simon qui,
pour l’occasion, s’est entouré de nombreux invités, tels que
John Helliwell (Supertramp), Dan Ar Braz, Michael Sadler (Saga),
Martin Barre (Jethro Tull) et bien d’autres, auxquels se joignent
de nombreux danseuses et danseurs, il
peine cependant à trouver son rythme, alternant les passages
musicaux par de lentes et trop longues narrations qui effritent au
fil du temps l’engouement du public. Les festivaliers, massivement
agglutinés devant la scène au début du concert, se dispersent
au fur et à mesure que le temps passe.
Il est dommage que l’événement ait ainsi peiné à trouver son
rythme qui, s’il convient en salle, n’est pas nécessairement
adapté à un festival.
L’honneur de clore la soirée revient ensuite à Eluveitie, qui s’illustre ici par son excellente prestation. Une mention spéciale pour Chrigel Glanzmann, qui fonda le groupe en 2002, et pour Fabienne Erni, chanteuse et harpiste qui l’a rejoint en 2017, très présents sur scène. Ainsi se conclut une première journée plus que satisfaisante.
Texte et photos : Pascal Druel

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).