Artiste : Klone
Album : Le Grand Voyage
Année : 2019
Label : Kscope
Style : rock progressif
Le Grand Voyage, dixième opus de Klone, marque l’entrée du groupe chez le label anglais Kscope, aux côtés de formations comme Steven Wilson, Katatonia et Anathema. Le thème de l’album est-il en lien avec le chemin parcouru par la formation pictavienne pour se placer aux côtés de grands noms du rock progressif ? Ou est-ce une itinérance vers une profonde authenticité ?
L’album s’ouvre au milieu d’un orage sous lequel on devine un paysage vaste. On y sent l’air lourd, puis les premières notes à la guitare nous happent, nous emportant dans un flot inexorable, mais fluide. Le décor est planté, large et panoramique. Nous voici au départ de ce grand voyage, pendant lequel la voix de Yann Ligner nous en dévoile la nature introspective, mais aussi son aspiration à la plénitude. Les textes nous font avancer aux côtés d’une présence ambivalente, un être ou une pensée ? Un alter ego ou le terme du voyage ? Une amante défunte ou en fuite avec le personnage du chanteur ? Ou la personnalisation d’une dépression ? L’album s’ouvre sur les hypnotisants Yonder, Breach, Sealed et Indelible (à la fin duquel Matthieu Metzger nous régale par son intervention au saxophone, je glisse ici qu’il est également crédité des samples sur l’album). Keystone vient ensuite, plus sauvage et dont le thème aux cordes n’est pas sans nous rappeler Sleep Together de Porcupine Tree. S’en suit Hidden Passenger jusqu’au massif The Great Oblivion où Klone nous laisse entendre ces riffs dont ils ont le secret et qui font leur signature (albums Black Days et The Dreamer Hideway). Cependant il est frustrant à l’arrivée d’un titre comme celui-ci, de ne pas entendre ce gimmick de guitare trancher plus aisément cette masse anesthésiante et confortable que sont l’ensemble des guitares de Guillaume Bernard et Aldrick Guadagnino avec la basse de Jean-Étienne Maillard et la batterie sincère et musicale de Morgan Berthet. Sad and Slow nous replonge dans une léthargie semblable à celle du départ, pour nous emmener au bout du voyage avec Silver gate dont le thème final conclut avec brio un album résolument moderne et mature, qui nous laisse dans une prairie, bien loin de l’orage.
Avec Le Grand Voyage, Klone vient de franchir la porte ouverte avec leur dernier album amplifié Here Comes the Sun, je ne pense pas qu’on puisse parler ici d’un aboutissement, mais d’un commencement, car cet album, plus spontané et sauvage que son prédécesseur électrique, nous laisse entrevoir l’essence prometteuse et juste, du chemin que pourrait prendre le groupe pour ses prochaines compositions. C’est une entrée reussie et méritée chez le label Kscope que vient d’accomplir Klone en nous offrant cet album grandiose.
Quentin Lefèvre

À la fois musicien, professeur de batterie et musicologue, j’ai la chance d’enregistrer et de tourner avec la formation Remains of Morpheus (KLONOSPHERE). Explorant la musique sous toutes ses coutures, je me plaît à aller exhumer l’essence d’une création, pour la placer dans le contexte d’un album.