Artiste : Verdun
Album : Astral Sabbath
Année : 2019
Label : Throatruiner Records, Deadlight Entertainment, Breathe Plastic Records
Style : doom sludge hardcore
Verdun ! Un nom funeste qui évoque à lui seul toute l’horreur incommensurable de la guerre. Rappelez-vous, en 1916, année ô combien lugubre en Europe, et plus particulièrement en Lorraine, région qui a vu le théâtre de l’une des plus célèbres et plus longues batailles de la Première Guerre Mondiale, au cours de laquelle les armées françaises s’opposèrent à leurs homologues allemandes. Le bilan humain, ahurissant pour l’époque, se monta à plus de 700 000 victimes (morts, blessés et disparus).
Presque un siècle plus tard, à l’autre bout de la France, en 2010 à Montpellier : Verdun devient le patronyme d’un jeune groupe de doom sludge hardcore, dont le premier EP intitulé The Cosmic Escape Of Admiral Masuka (sorti en 2012) instaure les prémices du concept qui jalonnera ensuite toute son œuvre, à savoir le début et la fin de Demon-Masuka qui, ivre de rage, s’est jeté dans un trou noir (rien que cela !). Réduit à l’état de particules, il erre alors à travers le cosmos en quête d’un nouveau corps. Quatre ans s’écoulent ensuite avant la naissance de The Eternal Drift’s Canticles, nouvel opus qui évoque une sombre prophétie cataclysmique qui éradiquera toute vie sur Terre. C’est finalement le 15 novembre 2019, quand les astres sont propices (merci H.P.L.), que naît Astral Sabbath, dont l’évidente continuité avec les deux précédentes créations du groupe relate l’histoire du nouveau-né Akira-Masuka, survivant miraculé de l’explosion de la bombe atomique Little Boy à Hiroshima, le 6 août 1945.
Boucle sans fin, la musique de Verdun se délaye de manière intemporelle et indivisible dans le chaos. Les derniers titres d’Astral Sabbath renvoient au premier E.P., complétant ainsi une trilogie musicale amorcée sept ans plus tôt. Tout y commence par un note stridente, suivie d’accords lourds, oppressants, sur lesquels se greffent rapidement un rythme lent de batterie et une voix humaine rauque et torturée. Dès le début, le quator, formé de David Sadok (chant), Jérôme Pinelli (guitare, chant), Florian Celdran (basse) et Géraud Jonquet (batterie) y annonce la couleur et pousse à son paroxysme l’idée du concept album instauré initialement dans ses deux premières productions. Dès lors, les sept titres qui composent Astral Sabbath s’enchaînent dans une continuité lancinante et une atmosphère lourde, oppressante et étouffante, renforcée par les lamentations rugueuses de David Sadok et une base rythmique aussi imposante que fondamentale. L’ensemble, enregistré et mixé par Cyrille Gachet (Fange, Monarch, Year Of No Light), puis masterisé par Bruno Varea (Aevangelist, Blut Aus Nord) est remarquablement produit et catalyse la réaction épidermique de l’auditeur qui, dès les premières minutes d’écoute d’Astral Sabbath, se laisse emporter durant 54 minutes dans une torpeur enivrante et dépressive. Mais finalement, n’est-ce pas cela la signature de tout bon album de doom sludge ?
Pascal Druel
Vidéo officielle du titre L’enfant nouveau :

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).