Samedi 18 janvier 2020, les murs du Théâtre Charles Trenet ont vibré au son du metal via les concerts de Manzer, Overstrange Mood et Inhepsie, trois groupes qui s’illustrent respectivement dans le black metal, le metal progressif et le metal atmosphérique. Une soirée placée sous le signe de la pluralité et qui s’annonçait donc sous les meilleurs présages.
C’est peu après 19 heures que Shaxul (batterie, chant), Ogma (guitare) et Xzvrey (basse, chant additionnel) , les trois « satanistes » qui officient dans Manzer, entrent en scène. D’emblée, le trio infernal irradie le public avec lequel il échange à de nombreuses reprises. Son black metal « old school », clairement influencé par Venom bien que ses titres soient à mon sens mieux composés et plus carrés que ceux du « maître », fait mouche. Les musiciens, possédés, débordent d’une énergie aussi puissante que communicative. Ils enchaînent les titres sans temps mort et ne laissent aucune place à l’ennui. Entre deux morceaux, Shaxul, dont la batterie placée au devant de la scène rappelle la configuration adoptée par Kadavar, ventilateur compris, en profite également pour annoncer la sortie prochaine du troisième album intitulé Impious Invocation of Ebalus. Un nom qui, dès lors que l’on sait qu’Ebalus (870-935), alias Eble Manzer, ou plus simplement Manser, fut comte de Poitiers et duc d’Aquitaine, revendique fièrement les origines pictaviennes du groupe. Indépendamment de cette parenthèse, je garde le souvenir d’un concert diablement efficace !
Une brève pause, histoire de déguster une bonne bière, et je retourne dans l’étroit pit, juste avant le début du concert d’Overstrange Mood. Composé de Zodd Mood (guitare, chant), Marco Segui (basse), Tom Blaineau (guitare) et Quentin Lefèvre (batterie), le quatuor nous entraîne dans un rock progressif qui multiplie les genres, du metal progressif au post-rock, s’octroyant même quelques incursions dans le sludge, mêlant ainsi des mélodies calmes, parfois lancinantes, voire même vaporeuses et planantes, à des riffs sauvages et incisifs, le tout galvanisé par un chant ravageur à la signature très « rock ». Au final, il est clair qu’après plusieurs changements de line up, le combo actuel d’Overstrange Mood fait preuve d’une excellente maturité musicale. Une belle prestation !
En clôture de soirée, après un trio et un quatuor, c’est au tour du quintet Inhepsie de se produire sur scène. Les cinq musiciens, à savoir Cathy (chant, clavier), Jean (guitare rythmique), Pierre (guitare solo), Daniella (basse) et Dany (batterie), entrent en terrain conquis, ainsi que le précise la chanteuse qui reconnaît dans la salle de nombreux « habitués ». C’est donc dans une ambiance chaleureuse, presque intimiste malgré la foule bien présente, que le groupe nous distille son metal atmosphérique, dont l’une des signatures est d’intégrer des textes écrits en français et sous forme de poèmes ou règne un délicieux onirisme : l’heure est à l’apaisement et à la quiétude, pour un final tout en douceur, savamment ponctué de solo de guitares incisifs et précis. C’est la deuxième fois que j’assiste à un concert d’Inhepsie, et j’espère bien que celle-ci ne sera pas la dernière. Au final, j’ai grandement apprécié cette fin de journée passée dans le beau Théâtre Charles Trenet.
Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).