Artiste : Dust Lovers
Album : Fangs
Année : 2020
Label : Besta Records
Style : noir rock’n’roll
Dust Lovers, groupe nanto-parisien, développe depuis 2012 un rock de crooner très « groovy », puissant, ornementé de multiples sonorités intemporelles, en perpétuel renouvellement et distillées dans une indéniable ambiance cinématographique sombre qui évoque tour à tour Quentin Tarantino, Sergio Leone, Dario Argento ou encore John Carpenter. L’album Fangs ne déroge pas à la règle et s’appréhende donc comme un film, tant par sa structure articulé autour du thème du vampire, que par son développement progressif qui suit l’avancée de la nuit. La production est soignée et les sonorités, souvent très aériennes, laissent percevoir en filigrane de multiples consonances « rétro eighties », distribuées par un clavier fort présent et décomplexé, qui atteignent leur paroxysme dans Higher desire (part One) et Higher desire (part Two).
Mais Fangs ne se cantonne pas à une atmosphère. On y passe ainsi du blues soft de Negativity au pop rythmé et entraînant de Born to lose, sans oublier le rock psychédélique de Night cruising qui évoque Pulp fiction, au fusion rap-metal à « la » Rage Against the Machine, en introduction de Revelation. Le titre All about you résonne tel une balade planante, avant de céder la place au morceau éponyme Fangs, très rock, aux accents punk saupoudrés par des chœurs dynamiques.
Night fight se developpe dans le pop-rock, classique mais efficace. Porté par un chant plus haut perché que sur les autres titres de l’album, Goldie en est le morceau le plus « groove » mais aussi le plus introspectif et grave. After a thousand years, the vampire finally die alone constitue l’épilogue dramatique, obscur et funèbre de cet excellent opus. Comment ne pas y voir un hommage à Nosferatu le vampire, chef d’œuvre du cinéma muet réalisé par Friedrich Wilhelm Murnau, et dans lequel Max Schreck, magistral, incarne le personnage principal ? Véritable allégorie de la branche la plus sombre du septième art, Fangs étonne par la variété des ambiances évoquées et par la subtilité de ses compositions d’une surprenante précision chirurgicale.
Pascal Druel

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).