Artiste : Junon
Album : The Shadows Lenghten
Année : 2021
Label : autoproduction
Style : post-hardcore
Junon, groupe initié par les ex-General Lee, s’illustre par son premier EP baptisé The Shadows Lenghten qui officie dans le post-hardcore, sous l’influence d’une certaine littérature mêlant fantastique et horreur, sans se défaire de ses acquis tels que le trio de guitares (Fabien Zwernemann, Martin Catoire, et Alex Renaux) auxquels sont ajoutées de belles nuances mélodiques qui savent se faire attendre. Ainsi, alors que le premier titre Sorcerer commence par quelques notes de guitares saturées et assez haut perchées, il vire rapidement vers un post-hardcore quelque peu classique, efficace mais sans surprise. Mais dès le second morceau Carcosa, qui emprunte son nom à celui de la mythique cité imaginaire créée par l’écrivain et journaliste américain Ambrose G. Bierce dans sa nouvelle Un habitant de Carcosa (auquel on doit également les noms d’Hastur et du lac de Hali, intégrés au célèbre mythe de Cthulhu issu de l’imagination fertile du maître de l’horreur Howard P. Lovecraft) et réutilisée par son compatriote Robert W. Chambers, (notamment dans son recueil Le roi en jaune), le sextet laisse alors exploser toute sa fibre créatrice. Carcosa brille par son refrain très « groovy », valorisé par la voix rocailleuse d’Arnaud Palmowski, elle-même catalysée par des choeurs et par une ligne rythmique bien affirmée (Vincent Perdicaro à la basse et Florian Urbaniak à la batterie).
Le troisième titre Flood Preachers surfe entre les deux vagues post-hardcore et post-rock, avec des riffs lourds et quelques envolées lyriques qui viennent à point nommé ajouter une touche de finesse. Le chant et les guitares s’éclaircissent sur le dernier morceau The bleeding, caractérisé également par une belle envolée mélodique induite par le jeu des trois guitares, dont l’une explorent les notes aigues alors que les deux autres puisent leur puissance dans les tonalités graves. Au final, The Shadows Lenghten est une belle démonstration. Il prouve que Junon, fort d’une solide expérience acquise via General Lee, s’oriente vers sa propre vision toute en finesse mais encore assez timide d’un post-hardcore qui, espérons-le, atteindra sa pleine maturité sur un futur premier album.
Pascal Druel
Vidéo officielle du titre Carcosa :
https://www.youtube.com/watch?v=nX_6upD1_sg&ab_channel=JUNON
Junon sur les réseaux sociaux :
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Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).