Après de nombreux reports inhérents aux contraintes sanitaires décidées par le gouvernement sur fond de pandémie de Covid-19, le concert d’Igorrr prévu de longue date sur Poitiers a finalement eu lieu le 3 décembre dans la belle salle du Confort Moderne. Et comme selon l’adage populaire vantant qu’un bonheur n’arrive jamais seul, Horskh nous fit également le plaisir de monter sur scène en première partie de soirée. De belles émotions en perspective…
Dès les premières notes jouées, Horskh nous plonge dans son univers musical mélant EBM (Electronic Body Music), metal et indus qui chauffe à blanc le public. La musique du trio originaire de Besançon, portée par le son puissant de la batterie acoustique centralisée sur la scène, servie par un jeu de scène chorégraphié avec la précision d’un micromètre, est catalysée par des éclairages scéniques aussi intéressants que difficilement exploitables en photographie. Au fil des titres assénés sans aucune anicroche, Horskh réussit le tour de force de toujours maintenir l’osmose qui le lie au public totalement conquis : une ambiance qui réchauffe les coeurs des spectateurs massivement agglutinés contre la scène.
C’est donc sous les meilleurs auspices qu’Igorrr monte à son tour sur scène en seconde partie de soirée, ayant toutefois la lourde tâche de maintenir la pression pour que le soufflet savamment préparé par les bisontins ne retombe pas ! Un défi que relève avec brio l’ovni musical baroque de la scène française créé par le compositeur Gautier Serre, accompagné du batteur Sylvain Bouvier. Certes, depuis la dernière fois que j’ai eu le plaisir de couvrir Igorrr en concert, le line-up a changé – notamment depuis le départ de la chanteuse Laure Le Prunelec et du chanteur Laurent Lunoir, respectivement remplacés par la soprano grecque Aphrodite Patoulidou et par Jean-Baptiste Le Bail (qui officiait déjà dans Svart Crown) – et s’est octroyé les services de l’excellent guitariste Martyn Clément, mais force est d’admettre que la nouvelle équipe fait preuve d’une redoutable efficacité ! Le duo de vocalistes fonctionne à merveille via son jeu théâtralisé et basé sur l’efficace principe des « oppositions » : le dynamisme scénique et la magnifique voix d’Aphrodite contrastent bien avec la ténébreuse puissance gutturale et l’attitude monolithique, voire « granitique », de Jean-Baptiste. Le quintet, dirigé de main de maître par le « chef d’orchestre » Gautier enflamme la salle durant tout le set qui mêle habilement titres anciens et nouvelles compositions. Bilan des courses : une excellente soirée qui sonne comme une catharsis contre la morosité ambiante et l’attitude alarmiste qui anémient les foules.
Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).