La dix-septième édition du Hellfest s’est tenue à Clisson du 27 au 30 juin 2024. Comme chaque année, le plus grand festival de France fut un énorme succès. Retour sur le premier de ces quatre jours de fête…
Unique, le Hellfest l’est à bien des égards : budget pharaonique (autour de 40 millions d’euros), affiche dantesque (plus de 160 artistes) et fréquentation record (environ 60 000 festivaliers par jour, auxquels s’ajoutent 10 000 personnes, parmi lesquelles on compte les bénévoles, les techniciens, les artistes et les invités V.I.P.). Contrecoup de cet indéniable succès, le manque d’espace du site de Clisson qui accueille l’événement se fait de plus en plus ressentir au fil des ans, notamment quand une grosse tête d’affiche se produit sur l’une des deux Mainstage (scènes principales). La circulation devient alors très difficile dans cette zone. Même constat face aux longues files d’attente pour entrer au Sanctuary (merchandising officiel) ou devant les toilettes. Idem chaque soir après le dernier concert, quand les festivaliers s’agglutinent devant l’issue principale en entonnoir du site, dans l’attente de gagner la sortie ou le camping. Chacun se faufile alors comme il le peut, dans la bonne humeur, en évitant autant que possible de bousculer les autres. Et oui, au Hellfest nous sommes nombreux, très nombreux ! Mais qu’importe ! Face à l’immense plaisir procuré par le fait de participer à cette grande fête du metal, ces petits désagréments, même s’ils sont parfois frustrant sur l’instant, se font toutefois rapidement oublier.
En outre, l’équipe organisatrice, professionnelle, à l’écoute des critiques, multiplie les efforts pour améliorer le site d’une année sur l’autre, même si tout n’est pas parfait, bien évidemment. Ainsi, depuis l’année dernière, l’air est moins poussiéreux qu’auparavant, sans doute du fait que les scènes Altar et Temple, reposent sur une esplanade goudronnée qui a remplacé, à bon escient, le sol en terre battue des éditions antérieures à celle de 2023. Cette année, la configuration du site est identique à celle instaurée en 2023 (exception faite de quelques modifications mineures). En 2024, la nouveauté est ailleurs, avec l’arrivée de la Gardienne des Ténèbres, près du bois du Kingdom Of Muscadet. Il est vrai que la belle, parfaitement à sa place au Hellfest, est impressionnante : 38 tonnes, 10 mètres de hauteur dans son extension maximale et une vingtaine de mètres d’amplitude au sol. Animée par une équipe de techniciens, tout en crachant selon les cas de la fumée ou du feu, elle a rencontré un franc succès auprès des festivaliers. Ambiance et décors ainsi posés, penchons-nous désormais sur l’essentiel : les concerts !
J’entame cette édition du Hellfest par le concert d’Asinhell, groupe germano-danois, monté par Michael Poulsen (leader de Volbeat), accompagné au chant par son ami Marc Grewe (ancien de Morgoth). Une belle mise en bouche, avec des riffs ravageurs et un côté old school plaisant. Je prolonge ensuite mon immersion dans la mouvance death metal sous l’Altar pour y suivre le concert d’Immolation. Fort de leurs trois décennies de carrière, les américains, comme à leur accoutumée, envoient du lourd.
Changement d’ambiance ensuite, sur la scène Temple, où les allemands de (Dolch) nous distillent un doom metal teinté de sonorités empruntées au gothic-rock : intéressant mais sans plus. Je peine en effet à entrer dans l’ambiance, même s’il est vrai que la brièveté de mon passage dans le pit (juste un titre) pénalise toute tentative de plongée dans l’univers musical du groupe. Je me dirige ensuite vers la Mainstage 1 afin de couvrir l’un des artistes sans doute les plus attendus de cette édition : Kerry King (guitariste de Slayer), qui nous offre une prestation remarquable, débordante d’énergie. Je ne boude pas mon plaisir !
C’est donc à peine remis de ces belles émotions que je retourne sous l’Altar où les américano-mexicains de Brujeria se produisent. Je n’avais encore jamais vu ce combo sur scène et force est d’admettre que j’ai adoré leur set : une vraie bonne baffe musicale comme je les aime. Malheureusement, leur chanteur Ciriaco « Pinche Peach » Quezada, seul membre du groupe qui jouait à visage découvert, est décédé quelques jours plus tard, à l’âge de 57 ans, des suites de complications cardiaques. Laissons toutefois de côté cet épisode dramatique, sur lequel il serait inutile et malsain de nous étendre, pour nous replonger dans cette première journée de festival. J’ai donc continué mon pèlerinage par le concert de Sylvaine, entité musicale de blackgaze (mélange de post black metal et de shoegaze, sous-genre musical du rock alternatif), menée par la chanteuse norvégienne Kathrine Shepard, et dont l’univers musical, débordant de poésie et d’onirisme, m’enchante toujours autant : encore un excellent moment !
Je prolonge ma plongée dans la culture scandinave par le set des suédois de Dark Tranquillity, dont le death metal mélodique, ponctué de riffs tranchants et de vocaux maîtrisés, sonne toujours aussi bien à mes oreilles. A l’inverse, le jazz metal avant-gardiste des norvégiens de Shining m’a paru aussi ennuyeux que prétentieux. Je n’ai tout simplement pas aimé. Sans m’appesantir sur cette petite déception, je me réjouis de nouveau à l’écoute du thrash metal des allemands de Sodom. Le seul bémol concerne les éclairages de scène qui furent décevant sur ce set. Enfin, je clos cette première date par « le » concert qui fut pour moi le meilleur moment de la journée : le show des britanniques de Cradle Of Filth qui fut apocalyptique ! Après 30 ans de scène, le célèbre groupe de blask metal symphonique, sous la houlette de son chanteur iconique Dani Filth continue de nous surprendre avec toujours autant de virtuosité ! Quelle magnifique fin de journée !
Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).