Le Festival 666 s’est tenu du 9 au 10 août 2024 à Cercoux, petite commune de 1 300 âmes implantée au cœur de la Charente-Maritime. Durant trois jours, les deux scènes de l’événement accueillirent ainsi une trentaine de groupes de metal, et non des moindres, du fait d’une programmation dantesque !
Cette année, le Festival 666 marqua les esprits par son affiche éclectique, comportant des noms forts prestigieux, et nettement moins hardcore que celle de l’édition précédente, ce qui ne pouvait que nous ravir. Toujours aussi bien aménagé, le site du festival fourmille de foodtrucks, de bars et autres stands de merchandising, pour le plus grand plaisir des festivaliers. L’une des seules ombres au tableau est l’absence de toilettes dans l’espace VIP situé en hauteur, nous obligeant ainsi à traverser tout le terrain pour soulager un petit besoin. Toutefois, après en avoir discuté avec Victor, le jeune « patron » des lieux, force est d’admettre qu’il s’avère difficile de remédier à ce petit désagrément, du fait du fort dénivelé de la zone concernée avec le reste du terrain. Rien de grave en soi, d’autant que, comme toujours, l’ambiance qui règne au festival fut au beau fixe, dans un pur esprit de franche camaraderie comme nous l’aimons : des serveurs des bars aux agents de sécurité qui accueillirent sans broncher les dizaines de slammeurs, tous affichaient un visage radieux, témoin de leur plaisir à participer aux festivités. De ce fait, le Festival 666 compte parmi les festivals de l’Hexagone les plus attachants à couvrir.
Vendredi 9 août
Arrivés tôt sur les lieux, nous découvrîmes sur scène No Matter What, groupe bordelais qui ouvrit le bal sous une chaleur écrasante via son hardcore diablement efficace. Nous poursuivîmes les réjouissances du jour avec le metal indus de Lecks Inc, galvanisé par le fort charisme de sa bassiste qui multiplia les expressions faciales délirantes. Un vrai show ! Nous continuâmes dans la mouvance indus, mais désormais ponctuée de consonances folk et celtiques, avec les sautillants musiciens de Rue De La Forge, qui nous gratifièrent d’un concert fort sympathique et enjoué.
Nous changeâmes ensuite de registre avec le metalcore de Parallyx, porté par sa chanteuse Lina qui s’illustre également dans Sleeping Romance. Vînt ensuite l’heure de la pose, durant le concert de Poésie Zéro que nous avons gentiment ignoré, étant insensible à la prose digne d’un adolescent prépubère attardé si chère au groupe. Puis ce fut l’heure de retrouver Lofofora, l’un des « poids lourds » de la journée, qui nous donna une prestation bien supérieure à celle vue quelques semaines auparavant au Hellfest. La cohésion manifeste du groupe sur scène y fut sans doute pour beaucoup : un très bon moment passé dans le pit ! Sans transition, nous continuâmes avec le punkcore de Terror, devant un public surchauffé qui multiplia les slams. L’un des gros moments de la journée.
Mais la surprise du jour fut sans aucun doute le set de Sun, guidé par sa chanteuse Karoline, artiste charismatique multi-facette qui nous irradia par son jeu de scène très graphique et sa musique estampillée « brutal pop ». Mais quel dommage que sur ce concert, les éclairages de scène bien trop ponctuels et contrastés, brillèrent par leur médiocrité. La journée s’acheva par le concert de Korpiklaani dans une ambiance très festive et conviviale.
Samedi 10 août
La deuxième journée de cette édition du Festival 666 commença par le bon concert de hard rock donné par Black’N’Red, groupe angoumois rondement mené par Sophie, chanteuse survoltée et omniprésente sur scène : à voir et à revoir ! Nous avons également apprécié la prestation des bordelais de Theorem, dont le metal assez « speed » nous fit fort bonne impression. Ce fut l’une des belles découvertes scéniques de la journée. Autre groupe local, Fhorce rendit honneur à son nom, tant par son hardcore survitaminé que par le gros capital sympathie dégagé sur scène. Vînt ensuite l’un des « mastodontes » de la journée : Akiavel, dont l’aura ne cesse de s’étendre au fil des ans. Il est vrai qu’Auré, sa chanteuse charismatique à la voix puissante, multiplie les mimiques pour notre plus grand plaisir : un groupe dans la mouvance death-thrash à découvrir sur scène, et que je ne me lasse aucunement à couvrir, bien au contraire ! Nous continuâmes via le set des australiens de Koritni qui s’illustrèrent par leur bon gros hard rock old school fort agréable. Une autre des grosses prestations de la journée fut celle donnée par Heart Attack : la bande à Kevin envoya du très lourd ! Puis ce fût au tour de Benighted, autre grosse « bête de guerre » française de nous distiller son brutal death metal toujours aussi percutant, avec un Julien visiblement très en forme !
Après une brève pause à l’espace VIP, nous prolongeâmes la soirée avec Zeal And Ardor, apôtres du metal avant-gardiste. J’en retiens un bon concert, même si j’ai tout de même eu un peu de mal à entrer dans leur univers musical. Les prolongations furent joués dans le pit pour les sets de Born Of Osiris, qui ne fut pas vraiment inoubliable, et les ukrainiens de Jinjer qui conclurent en beauté cette soirée, la chanteuse Tatiana Shmayluk étant visiblement survoltée.
Dimanche 11 août
Cette dernière journée de festival débuta sur les chapeaux de roue, par le biais de Pitfloor, dont le punkcore plaça instantanément l’ambiance. La fête continua en compagnie des thrasheurs d’Artery qui jouèrent à merveille. Quel début de journée ! Puis vînt le très bon set teinté d’autodérision de Wildfire, qui nous aiguilla de manière fort plaisante vers son hard rock « bluesy » influencé par Airbourne. Une petite pause, puis nous effectuâmes un retour au thrash avec Tribute To Thrash, formés de compères que l’on ne présente plus : Stéphane (Loudblast), Alex (Agressor), Nicklaus (ADX) et Fabien à la batterie. Bien évidemment le quatuor retourna tout sur son passage, et les slammeurs s’en donnèrent à cœur joie.
Novelists prit ensuite le relai et je dois admettre que même si je suis habituellement assez insensible à leur metalcore, tel ne fut pas le ressenti du public qui s’égosilla sur les titres du groupe. Dans la même mouvance musicale, le set de Resolve nous en mit plein les oreilles. Anthony, au chant, est hallucinant de par sa précision vocale : excellent ! Puis vînt le moment tant attendu du concert de Cradle Of Filth, que je ne me lasse pas de voir et d’entendre depuis les débuts du groupe. Or, comme toujours avec Dani et sa bande, tout est parfaitement orchestré. Durant tout le set, le groupe distille les uns après les autres ses titres de black metal symphonique sans la moindre anicroche : c’est carré, théâtral à souhait et d’un haut niveau musical : du bonheur !
Slope assura la relève dans une toute autre verve musicale. Les allemands donnèrent un concert de punk-metalcore survolté qui fit forte impression. La journée se termina en beauté, avec les « monstres sacrés » de Testament ! Ce fut une chance énorme de les voir sur la scène d’un festival à jauge humaine, et je n’ai donc pas boudé mon plaisir, d’autant que la bande à Chuck Billy enflamma tout sur son passage. Les slammeurs poussèrent alors comme des champignons. Ce fut assurément l’un des gros moments de cette belle journée, achevée de manière festive par le concert de thrash punk crossover donné par Locomuerte.
C’est désormais une habitude, nous avons, une fois de plus, eu un immense plaisir à couvrir cette édition du Festival 666 qui fut magnifique, tant par son affiche « monstrueuse » que par la qualité de l’accueil qui nous fut réservé. Nul doute que nous y reviendrons !
Pascal Druel
(avec la complicité de Maryse Glon)
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).