Samedi fut la journée affichant la plus grande fréquentation de tout le Motocultor 2024 : près de 16 000 festivaliers répondirent ainsi à l’appel. Néanmoins, du fait de la configuration des lieux, la circulation fut rarement difficile. Dès lors, pourquoi bouder notre plaisir ?
Arrivé sur place plus tard que les deux premières journées, j’amorce mes pérégrinations musicales via Sorcerer, quintette parisien qui officie dans un registre hardcore. Plus que la musique en elle-même, je retiens de leur set une vraie présence scénique et un investissement réel et sincère des musiciens. Je couvre ensuite le concert de Kalandra, au détriment de Didier Super qui passe au même moment sur la Bruce Dickinscène. Les norvégiens font un bon concert, avec des envolées musicales très aériennes, voire planantes tendant plus vers le rock et le post-rock que le folk.
Quelques minutes plus tard, je file devant le show des américains de Nekrogoblikon, groupe qui mélange death metal et compositions très folk. Comme à son habitude, l’un des deux chanteurs officie dans un déguisement de gobelin qui apporte une certaine touche d’humour à l’ensemble : un moment aussi amusant que sympathique. C’est donc le sourire aux lèvres que je poursuis ma journée devant le set de Crypta. Et quel concert ! Le quatuor brésilien féminin de death metal assure sur scène, porté notamment par sa dynamique chanteuse et bassiste Fernanda Lira, aux mimiques inimitables. J’effectue un bref retour ensuite sous les tentes, pour suivre Train Fantôme, qui joue clairement dans un registre auquel je suis insensible, même si les musiciens semblent fort sympathiques, avant d’en ressortir pour suivre Toxic Holocaust, dont le thrash metal me parle nettement plus !
J’enchaîne aussitôt avec le concert d’Exodus, célèbre entité américaine de thrash metal qui écume les scènes depuis 1981. C’est toujours un plaisir de voir ces vétérans, d’autant que son chanteur Steve Souza, toujours très en verve, galvanise la foule, épaulé dans cette tâche par le guitariste Gary Holt, qui saute dans tous les sens, en haranguant le public qui répond parfaitement à ses appels : un autre excellent concert ! Mais à peine ai-je quitté le pit photo que je dois me ruer devant Les Sheriff qui passent sur la Bruce Dickinscène durant le même créneau horaire : un concert de punk-rock endiablé fort sympathique, avec une foule très en liesse qui multiplie les slams. Sans transition, je continue mon parcours par Emmure, qui nous offre un deathcore de bon aloi, les américains étant très en forme et visiblement heureux d’être là. Je m’offre ensuite un petit voyage en Extrême-Orient avec Broken By The Scream, groupe japonais exclusivement féminin qui mêle chants clairs et screams : original, frais, scénique et très dépaysant. Une petite bouffée d’air frais, d’autant que les musiciennes sont très à l’aise sur scène.
Je fais ensuite l’impasse sur Bernard Minet, au profit de Jinjer. Force est cependant d’admettre que la prestation des ukrainiens repose essentiellement sur la présence scénique de Tatiana Shmayluk, son emblématique chanteuse, le reste de la bande étant nettement en retrait. De ce fait, je garde de ce concert un souvenir assez mitigé, ayant clairement préféré la prestation du groupe quelques jours auparavant au Festival 666. Une courte pause, avant d’entrer dans le pit photo de la Supositor Stage et couvrir le groupe norvégien de black metal avant-gardiste Dodheimsgard qui s’illustre par son set délirant. C’est dans une atmosphère obscure et enfumée que le chanteur Vicotnik, en transe, secouant doucement des bâtons d’encens tout en jetant au hasard une poudre verdâtre se met à chanter, non sans s’être octroyé une pause entre deux titres pour grimper sur les structures de la scène.
Vient ensuite l’immanquable concert d’Architects. Toutefois, malgré une scène fort bien décorée, devant laquelle une grosse partie des festivaliers se sont agglutinés, leur prestation ne m’a pas vraiment convaincue. Sans doute en attendais-je un peu trop de ce groupe de metalcore du fait de sa notoriété. Je termine cette journée bien remplie par Aborted, toujours aussi percutant et incisif ! Un vrai régal ! De quoi être en appétit pour le lendemain, dernière journée à venir du Motocultor 2024.
Pascal Druel
(avec la complicité de Maryse Glon)
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).