Ce quatorzième opus du Hellfest fut un franc succès, même s’il n’a pas débuté sous les meilleurs auspices avec l’annulation du concert de Manowar, tête d’affiche du jour. Néanmoins, ce sont plus de 180 000 festivaliers qui ont fêté l’évènement, auquel il convient d’ajouter les 37 000 présents la veille à l’occasion du Knotfest. Retour sur cette première journée de ce festival épique et que je ne manquerai pour rien au monde !
Cette année, j’ai ignoré les Mainstages (dont le 2 affiche une scène 100 % française pour cette première journée) que j’avais couverts en partie l’année dernière pour me concentrer essentiellement sur les scènes Altar et Temple. Certes j’aurais aimé suivre certaines grosses têtes d’affiche, mais comme toujours il a fallu faire des choix parfois draconiens. Parallèlement, sur l’ensemble du festival, ce sont les après-midi et les soirées qui ont retenu toute mon attention.
Fort de cette décision, après m’être imprégné durant plusieurs heures, l’appareil photo à la main, de l’ambiance si spécifique du site, j’entame mon pèlerinage de la journée par Impaled Nazarene. D’emblée, ces furieux finlandais nous irradient de leur black metal brutal et sans fioriture, direct pour les uns, simpliste pour d’autres : à chacun de se faire une opinion. Toujours est-il que leur show sonne un peu comme un retour aux sources et j’apprécie, même si l’ensemble manque tout de même un peu de finesse. Je ne boude toutefois pas mon plaisir.
Sans
transition, j’enchaîne avec Kvelertak.
Les
norvégiens enflamment instantanément
la scène avec leur
musique bien définie,
dont on devine
les
multiples influences, allant du « vieux » hard rock
traditionnel au hardcore, voire au punk, en passant par le heavy
metal et le trash. Ce cocktail détonnant explosif
se révèle à sa juste valeur en live. Très volontaire, le chanteur
Ivar Nikolaisen, en excellent « frontman », va au contact
du public. Un excellent moment !
Je
continue sur ma lancée via Venom
Inc. Sans
ambages, le groupe anglais nous propose un voyage temporel en nous
replongeant dans l’univers du black metal « old school »,
tel qu’il était à l’origine. Rappelons en effet qu’il se
produit sur les planches depuis 1979, après avoir essuyé une petite
interruption à la fin de la première moitié des années 90, et
qu’il a traversé les décennies, sans jamais vraiment changer de
cap musical. Le public répond présent, même si le Temple ne fait
pas le plein de festivaliers : il est vrai qu’Ultra Vomit,
très populaire, a terminé sa prestation sur le Mainstage 2 quelques
minutes avant le début du concert de Venom Inc. J’en retiens un
bon souvenir, sans plus.
Je me rends ensuite à l’Altar afin d’y suivre Possessed. Je découvre alors un excellent groupe américain de death metal mené de main de maître par son chanteur Jeff Becerra (en fauteuil roulant depuis 1989, après avoir été victime d’une agression à main armée au cours de laquelle il a reçu deux balles de 9 mm). Une excellente prestation vocale accompagnée du jeu très carré des musiciens : du death puissant comme je l’aime.
Retour au Temple avec Hellhammer : Tom G Warrior’s Triumph of Death, une joyeuse bande composée de Tom Gabriel Warrior (chant, guitare), Michael Zech (guitare), Mia Wallace (basse) et Alessandro Commerio (batterie) et réunie pour interpréter des titres de Hellhammer qui, pour bon nombre d’entre eux, n’avaient encore jamais été joués sur scène. L’atmosphère froide, le charisme des musiciens et le son de très bonne qualité font de ce set une très bonne surprise.
Grosse claque ensuite avec Carcass qui atomise tout sous l’Altar : son clair et puissant pour un set composé en grande partie de titres extraits de l’album Surgical Steel, musiciens survoltés qui délivrent tous une énergie folle, jeu de scène très dynamiques. Bref, le groupe réunit tous les ingrédients pour faire de sa prestation un franc succès et c’est bien le cas !
Je clos mon périple par le concert de King Diamond qui entre sur scène peu après une heure du matin. Quelle récompense d’avoir attendu si longtemps : décor somptueux évoquant un hôpital désaffecté, mise en scène, costumes et maquillages élaborés et nous voici face à un spectacle grandiose comme le « roi » aime en donner, d’autant que le son est superbe. Seules les lumières sont assez difficiles bien qu’elles soient visuellement très étudiées : un concert mémorable, parfait pour clore cette première journée en enfer !
Texte et photos : Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).