Bien que fondé en 2012 par le groupe Slipknot, le festival Knotfest s’est déroulé pour la première fois en France, à Clisson, le 20 juin 2019, en partenariat avec le Hellfest. Durant la journée, dix groupes se produisirent alternativement sur les Mainstage 1 et 2, les deux plus grosses scènes du site, devant plus de 37 000 festivaliers.
J’arrive sur place alors que Sick of it all, le premier groupe programmé, vient de commencer son show. Le temps de déambuler parmi quelques dizaines de milliers de personnes et je parviens enfin devant la scène pour assister aux derniers titres joués par ces célèbres new-yorkais qui distillent leur punk-hardcore depuis 1986. Comme il se doit, la fosse devient alors le théâtre de multiples pogos, slams et autres chorégraphies du genre. Aucun doute, les américains font une ouverture sans faute.
Changement de Mainstage et de registre avec l’arrivée sur scène des suédois d’Amaranthe, dont le metal mélodique, teinté de death metal et de power metal, me laisse de marbre, malgré la présence de trois chanteurs (Elize Ryd, Henrik Englund et Nils Molin). Certes les vocalistes, en particulier la chanteuse, occupent l’espace et leurs voix s’accordent bien entre elles, mais tout me paraît pourtant trop « surjoué ». Plus préjudiciable est certainement le manque de personnalité de l’ensemble : à multiplier les genres on finit par n’exceller dans aucun ! Certes les morceaux s’enchaînent bien et sont proprement interprétés, mais au final aucun titre ne se démarque des autres. Un concert que j’oublierai sans doute assez rapidement…
Deux surprises m’attendent au passage de Ministry. Primo, Al Jourgensen, chanteur du groupe, entre sur scène en toute sobriété, sans cigarette à la bouche ou verre d’alcool à la main, et secundo je note la présence de Paul d’Amour (ancien membre de Tool) à la basse qui, par ailleurs, nous offre une très bonne prestation. J’ai apprécié le set sans être toutefois subjugué.
C’est la deuxième fois que je vois Behemoth en plein jour et à Clisson. Il est clair que ces metalleux polonais sont de vrais professionnels. Costumes grandiloquents, décors soignés, effets sonores, pyrotechnie, jeu de scène théâtral, riffs endiablés et bien lourds, tout y est pour assurer le succès du groupe mené de main de maître par son chanteur et guitariste Nergal qui dégage une incroyable présence scénique.
Quelques minutes plus tard, les américains de Papa Roach se ruent sur la scène. Leur hard rock puissant, qui mêle post-hardcore et rock alternatif, séduit son public. Ils ont la pêche et savent la communiquer au public. Même si leur style musical est assez éloigné de celui que j’affectionne habituellement cela ne m’empêche nullement de reconnaître qu’ils nous gratifient d’une belle prestation. Cela bouge énormément dans la fosse.
C’est ensuite sur le Mainstage 2 que se produit Powerwolf. Or, si tout va bien du côté des costumes, du maquillage, des décors et des effets pyrotechniques, c’est sur le plan strictement musical que le bât blesse un peu. Les compositions pâtissent d’un manque d’originalité et d’une écriture simpliste, voire caricaturale et tombant souvent dans le cliché. C’est d’autant plus décevant que ces musiciens allemands mettent le paquet, comme par exemple quand le chanteur Attila Dorm fait une apparition avec un lance-flamme dans chaque main ou encore qu’il s’adresse au public en faisant l’effort de parler en français.
Rob Zombie, visiblement attendu, prend alors le relais sur le Mainstage 1. Tout est parfaitement orchestré et organisé, typique d’un show « à l’américaine » où l’improvisation trouve peu sa place. J’apprécie le dynamisme de Rob et le jeu du guitariste John 5, bien qu’étant très peu amateur de la mouvance « electro », trop présente à mon goût dans les titres du groupe. Un bon point pour la reprise très bien interprétée de Helter Skelter des Beatles, avant de clore le set via Dragula.
J’enchaîne aussitôt avec Amon Amarth dont les musiciens, en « bons suédois », font leur show autour d’un décor viking du plus bel effet. Mais plus que ce folklore de circonstance, j’apprécie en premier lieu l’incroyable voix, puissante et grave, du chanteur Johan Hegg : une énorme présence scénique ! C’est assurément l’un de mes concerts préférés de cette belle journée de festival. Je décide donc de terminer sur ces belles notes et de faire l’impasse sur Slipknot (seul groupe de la soirée que je ne peux pas photographier, car l’entrée au pit se fait uniquement que pour les quelques heureux dont les noms sont inscrits sur une « short list ») et sur Sabaton qui clôt les festivités. Une fête réussie, en préambule aux trois journées suivantes du Hellfest qui s’annoncent chargées.
Texte et photos : Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).