Comme chaque année, j’aborde avec enthousiasme la dernière journée du Hellfest, la tête pleine du souvenir des bons moments vécus depuis le début du festival, mais je ressens aussi un pincement au coeur, conscient qu’il faudra laisser passer une année avant d’espérer revivre l’événement.
En ce dimanche 23 juin 2019, et tout comme la veille, je déambule en quête d’images d’ambiance durant les premières heures de ma présence sur le site, avant de me rendre dans le pit de l’Altar pour y couvrir Vomitory. Il en résulte un death metal débordant de puissance qui fait rapidement oublier les quelques petits soucis techniques vécus en début de concert, notamment du côté des guitares, d’autant que tout va pour le mieux côté batterie. Je n’avais encore jamais vu sur scène ce combo, et je ne regrette pas d’avoir laissé libre court à ma curiosité. Quarante minutes plus tard, je poursuis mon périple musical devant Wiegedood qui joue sur Temple. Ce trio flamand, composé de Levy Seynaeve (chant, guitare – Amenra), Gilles Demolder (guitare, Oathbreaker) et Wim Coppers (batterie, Rise and Fall) vit littéralement son black metal, efficace et sans compromis, même si je trouve le niveau sonore vraiment trop élevé.
Du côté d’Immolation, c’est, une fois de plus, la grosse claque ! La voix éraillée du chanteur Ross Dolan s’accorde à merveille avec le son puissant et limpide de la guitare de Robert Vigna qui joue avec brio, encouragé par la forte présence sonore de la batterie de Steve Shalaty. Il en découle une atmosphère lourde, brutale, chaotique et noire, très représentative du groupe. J’adore et, si j’en crois la longue ovation du public en fin de concert, je suis loin d’être le seul !
C’est à peine remis de mes émotions que je file vers Valley pour y couvrir Philip H. Anselmo & the Illegals. Je ne l’ai pas revu sur scène depuis la période épique de Pantera et, peu touché par l’ère Down, j’avais hâte de voir dans quel registre il évolue désormais. Aucun doute, l’homme est toujours aussi charismatique. Sa voix puissante, imposante et enragée, emporte le public. Les premiers slams naissent rapidement au milieu de la foule qui reprend en choeur les paroles du chanteur : la symbiose s’opère. Un excellent moment !
Retour à Temple et changement de registre avec le passage d’Emperor, Les norvégiens, apôtres du black metal symphonique, font monter la sauce par paliers dans une ambiance lumineuse verdâtre qui vire parfois au pourpre. Le tempo, d’abord lent, s’emballe d’un coup, la double-pédale de la grosse caisse impose alors rapidement sa loi, suivi par la voix claire et limpide du chanteur Vegard Sverre Tveitan (plus connu sous son nom de scène Ihsahn). La prestation du groupe brille par la précision chirurgicale dont font preuve les musiciens, mais aussi par la qualité optimale du son. Sans transition, je passe ensuite à Cannibal Corpse, que je ne me lasserai sans doute jamais de voir sur scène. Fidèle à lui-même, dès les premières notes jouées, le groupe irradie la scène d’un son lourd et puissant, sous le couvert d’une lumière chaude oscillant du rouge au jaune-orangé. L’ énorme voix gutturale de George Fisher en impose toujours autant ! Dans le pit photo, je vis alors ce qui restera sans doute l’un des plus beaux moments de ce Hellfest : impossible de rester de marbre devant tant de générosité. Les américains donnent tout et enivrent le public. Apocalyptique !
Puis vient l’heure de conclure cet excellent millésime 2019 du Hellfest avec Deicide, face à un auditoire agglutiné en masse contre les « crash barrières ». Une fois de plus, le son est excellent et les américains enchantent de suite les metalleux présents grâce à leur bon gros death metal maîtrisé d’un bout à l’autre du show. Je n’aurais pu rêver d’une meilleure apothéose !
Texte et photos : Pascal Druel

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).