Le Nantes Metal Fest s’est déroulé du 5 au 7 décembre 2019 au Ferrailleur selon une formule devenue sa signature : 15 groupes sur trois jours. Une recette éprouvée qui lui assure un franc succès puisque l’événement affichait « complet » pour sa huitième déclinaison.
C’est la troisième année consécutive que je couvre le Nantes Metal Fest, chaque fois avec le même plaisir, tant il est vrai que j’aime l’ambiance intimiste qui règne au Ferrailleur, lieu emblématique de Nantes. Bien organisé et géré, le festival s’est toujours déroulé sans anicroche. L’accueil y est courtois, amical, et l’attente entre chaque concert est courte malgré la présence d’une seule scène, preuve s’il en est besoin de l’efficacité de l’équipe technique.
Le seul bémol vient du côté des éclairages de scène. Cette année encore plus que les deux fois précédentes, nous avons eu droit à des effets de lumière très disparates, allant du magnifique au franchement mauvais. Dans les cas les plus extrêmes, il était presque impossible de distinguer le visage des musiciens, éclairés uniquement par des sources placées en contre-jour : certes tout cela est sans doute très joli vu du pupitre de contrôle, mais plutôt illogique dès que l’on se place du côté des festivaliers qui sont sans doute venus plus voir des musiciens sur scène qu’un « feu d’artifice », aussi beau qu’il puisse être. Or, bien que cette demande d’éclairage facial réduit au strict minimum, voire à néant, émane parfois de certains groupes qui veulent privilégier une ambiance sombre, elle me semble être plutôt marginale si je me réfère à toutes les autres scènes que j’ai déjà couvertes. Cette réserve exprimée, place aux festivités…
– Jour 1 –
C’est au groupe nantais Romance que revient l’honneur d’ouvrir le festival, tâche dont il s’acquitte dignement via des compositions mélodiques aux multiples influences (du black metal au néo metal en passant par le hardcore et le deathcore). L’ambiance posée, Purge of Sanity, autre formation nantaise qui officie dans le hardcore, prend le relais avec énergie, le chanteur Charly s’offrant même le luxe d’un sympathique passage dans la foule déjà bien chauffée. Charon’s Awakening prend le relais et irradie de suite nos oreilles avec son deathcore brutal aux riffs puissants et imposants. Fabien, au chant, déambule et saute frénétiquement d’un bout à l’autre de la scène, au rythme de la musique, entraînant alors avec lui dans sa transe une bonne partie du public. Cela bouge beaucoup !
Je m’octroie ensuite une petite pause au bar avant de poursuivre mon périple photographique avec le set de Breed Machine, groupe français de deathcore qui enflamme littéralement la salle. L’ambiance est alors quasiment à son paroxysme : multiples sauts sur scène, deathwall et autres slams sont de rigueur ! Je vis l’un des moments les plus sauvages et mouvementés de la soirée, mais toujours dans une atmosphère de franche camaraderie, si chère aux petits festivals. Puis vient l’apothéose via Betraying the Martyrs qui donne tout ! Les pogos, aussi nombreux qu’intenses, témoignent de l’osmose qui règne entre le groupe parisien de metalcore et le public chauffé en effervescence : une prestation qui clôt en beauté cette première soirée.
– Jour 2 –
Cette deuxième soirée débute fort bien avec FT-17 que je découvre sur scène. Ce projet musical français narre, par le biais d’un metal extrême et mélodique, les aventures de Marcellin, personnage fictif mobilisé en août 1914 alors que la Première Guerre Mondiale vient d’éclater, et dont le rôle est assuré sur scène par Hugo Chereuil, qui arbore pour l’occasion un uniforme de poilu, casque compris. Pour l’anecdote, FT-17 est le nom du petit char Renault emblématique du conflit, et qui fut le premier au monde à être doté d’une tourelle, contrairement aux autres blindés français, britanniques et allemands de l’époque dits « à casemate ». J’adhère de suite à l’univers musical du groupe, m’octroyant même après le concert le plaisir d’aller discuter quelques instants avec Hugo au merchandising. Suite à cette première pause, je retourne devant la scène, juste avant le début du concert de Incipient Chaos, groupe nantais de black metal fondé en 2014, très efficace et dynamique sur scène : contrat rempli !
Mantra, troisième « invité » de la soirée, mais non des moindres puisqu’il explore la scène metal progressive depuis une dizaine d’années, est un véritable OVNI, dont le jeu de scène, très développé et chorégraphié, constitue un vrai plaisir pour les yeux. Une très belle découverte pour moi qui ne l’avait encore jamais vu en concert. C’est ensuite au tour de Déluge, avec un registre qui s’étend du black metal au metalcore, de monter sur scène. Côté musical, rien à redire, l’ensemble est efficace et dégage une belle énergie, mais j’avoue que je décroche vite du fait des éclairages tous en contre-jour et qui ne laissent voir que des musiciens en ombres chinoises. Je prends seulement quelques images avant de m’accorder une pause au bar : inutile de multiplier les clichés qui, au final se ressembleront tous et ne laisseront voir que des silhouettes. La soirée se termine royalement par le set de Pensées Nocturnes, formation parisienne que son leader Vaerohn (chant, harmonica, mégaphone, trombone à coulisse, trompette et autres) qualifie de « déglingué black metal ». S’entremêlent ainsi des instruments de toutes catégories, créant un univers unique aux ambiances multiples (du cirque à l’horreur) renforcé par le fait que tous les musiciens sont grimés en clowns cauchemardesques, histoire de bien dormir la nuit avant de couvrir la dernière date du festival.
– Jour 3 –
Dès leur entrée sur scène, les angevins d’Erased Memory annoncent la couleur : la soirée va être animée ! Le quatuor joue un metal puissant qui puise sa source dans de multiples courants, du death à l’indus en passant par le trash : une excellente découverte ! Silent Seas prend le relais. Son death metal, percutant, repose sur un growl aussi puissant que maîtrisé, une partie rythmique carrée très efficace et des riffs incisifs : un cocktail détonant, diablement enjoué et qui fait mouche auprès des festivaliers. Après une courte pause, la soirée se poursuit avec Bloody Rabbeat, quintet bordelais de deathcore mené par sa chanteuse Violette qui, par son dynamisme, entraîne rapidement avec elle le public : un franc succès bien mérité même si, indépendamment de la belle prestation du groupe, on peine à distinguer autre chose que des ombres en dehors des lumières bleues en fond de scène.
Autre quintet, mais parisien cette fois-ci, Except One qui, loin de faire défaut aux précédents shows de la soirée, donne tout, entraînant dans son sillage toute la salle. Suite à ce parcours sans faute, c’est dans une ambiance surchauffée que Trepalium, tête d’affiche du jour, monte sur scène. Le chanteur Renato, survolté comme s’il avait les doigts coincés dans une prise alimentée en triphasé, déborde d’une énergie qu’il communique instantanément aux festivaliers. Assurément une belle clôture de festival !
Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).