La quatrième édition du festival Anthems Of Steel s’est déroulée du 20 au 21 mai 2022. Durant ces deux jours, une quinzaine de groupes de metal se sont alors succédés sur la scène du théâtre Charles Trénet de la ville médiévale de Chauvigny, dans la Vienne. Que de beaux souvenirs…
Lancé initialement sur Bressuire lors de ses précédentes éditions, l’Anthems Of Steel, désormais co-organisé par Hildebert Pied (Anthems Of Steel) et Jean Suire (Prana Concept), a profité de son déménagement sur Chauvigny pour s’agrandir. Le pari était osé tant il est toujours difficile d’appréhender par avance le succès d’un tel événement, qui plus est après deux années consécutives de report pour cause de pandémie. Fort heureusement, sur les deux jours, plus de 350 festivaliers répondirent « présent », confirmant ainsi le succès de l’opération, à tel point que les organisateurs ont d’ores et déjà annoncé qu’il y aura une édition 2023. Cette bonne nouvelle accueillie, revenons maintenant sur ces deux jours de fête…
Vendredi 20 mai –
Nous arrivons sur place autour de 14h30, une marge suffisante pour nous présenter, retirer nos accréditations, prendre nos marques et nous imprégner de l’ambiance des lieux, avant les concerts qui débutent à 15 heures. Le site, construit autour d’une salle moderne entouré d’un espace de détente à l’air libre, est très agréable, permettant ainsi de s’oxygéner entre deux concerts. A l’intérieur du théâtre se trouve un large comptoir derrière lequel est installé un premier bar. Quelques stands de merchandising sont également présents. Un second bar est placé à l’extérieur, près de quelques tables et chaises, ainsi qu’un stand de restauration qui propose des plats cuisinés sur place à des prix tout à fait corrects (autour de 5 euros l’assiette de chili con carne ou de dahl de coco). En revanche, c’est à l’Anthems Of Steel que j’ai constaté que le prix de la bière a subi une forte inflation depuis la reprise des concerts. Désormais, il faut compter autour de 4 euros le demi et vers 7 euros, voire 8, la pinte de bière, et aucun des festivals ou concerts que j’ai couverts depuis n’a encore fait exception. C’est un peu cher et dichotomique avec le prix des places qui, de son côté, est tout à fait accessible compte tenu de la qualité et de la diversité de la programmation. Malheureusement, pour en avoir discuté par la suite avec quelques organisateurs d’événements de ce type, il est désormais difficile de proposer ce doux breuvage aux tarifs pratiqués avant l’épidémie de Covid 19. Je ne suis pas économiste et je ne m’étendrais donc pas plus sur le sujet, me contentant juste de constater les faits. Cette parenthèse close, entrons dans le vif du sujet..
Sept groupes se partagèrent l’affiche du premier jour, de 15 heures à minuit. Toutefois, deux petits bouleversements vinrent agiter ce programme bien établi. Sacrifizer dut annuler son concert et fut alors remplacé in extremis par Legions Of War (qui rejouera aussi le lendemain). De même, nos amis belges de Bütcher ayant eu quelques petits soucis sur la route, se produisirent finalement sur scène en dernière partie de soirée. Nous vîmes donc successivement sur scène Endbroken, Dionysiaque, Legions Of War, Mortal Scepter, Mercyless, Agressor et Bütcher.
Endbroken assura d’emblée grâce à son heavy/trash metal qui conquit rapidement le public : excellente entrée dans le vif du sujet ! Quant à Dionysiaque, que je n’avais encore jamais vu sur scène, j’ai été immédiatement séduit par l’énorme capital sympathie affiché par ces musiciens qui s’illustrent dans un doom très honnête, même si le genre n’a habituellement pas trop mes faveurs (à tel point que je les reverrai volontiers en concert). De même, j’ai beaucoup aimé le set de Legions Of War qui distilla son trash de manière subtile, tout en finesse. Puis ce fut au tour de Mortal Scepter de monter sur scène pour un show puissant et dynamique. C’est toutefois par le biais de Mercyless que j’ai reçu ma première grosse claque musicale de la soirée. Le groupe a tout donné lors de son concert très orienté death metal « old school ». La suite fut toute aussi grandiose, via le concert d’Agressor qui irradia le public, me gratifiant au passage d’une seconde baffe musicale. Je reçus le K.O. final lors du passage de Bütcher. Les belges ont tout déchiré lors de leur concert de clôture de cette première soirée : ce fut l’apothéose !
Samedi 21 mai –
Cette seconde journée s’annonçait sous les meilleures auspices avec un programme aussi chargé que varié : Trepanator, Pulmonary Fibrosis, Execution, Legions Of War, Misanthrope, Manzer, Seol et Killers. N’ayant pu être présents en tout début d’après-midi, nous avons donc manqué le concert de Trepanator qui, d’après certains témoignages recueillis dans le public, fut tout à fait correct. C’est finalement peu avant l’entrée en scène de Pulmonary Fibrosis que je me glissai dans le pit photo. Ce fut alors l’occasion de vivre un franc moment de rigolade et de sympathie, les deux chanteurs du groupe se renvoyant toujours la balle pour hurler à tour de rôle leur grindcore délirant tout en affichant une évidente autodérision.
Après une petite pause au bar, je repris du service pour Execution qui nous offrit alors un très bon concert de death metal, avant de laisser la place à Legions Of War qui, comme la veille, assurèrent leur set. Vient ensuite le concert de Misanthrope, groupe que je suis depuis ses débuts et que j’apprécie toujours autant. Il est vrai que Philippe Courtois et sa bande de joyeux drilles, qui connaissent bien leur métier, nous accordèrent, une fois de plus, une excellente prestation. Quant à Manzer, groupe black metal emblématique de la région et que j’ai découvert sur scène en 2020, dans la même salle, il illustra parfaitement le postulat selon lequel un trio fonctionne à merveille dès lors qu’il est fusionnel. Ce fut un réel bonheur ! Malgré tout c’est lors du set de Seol que le plaisir ressenti à couvrir cette deuxième soirée atteint son paroxysme : mise en scène sombre, costumes élaborés et black metal lugubre à souhait caractérisèrent ce magnifique show du groupe guatémaltèque. Dans un tout autre registre, le final assuré par Killers, illustre entité de la scène heavy metal française qui fête ses 40 ans d’existence, fut tout aussi grandiose !
Après de si belles émotions musicales et rencontres amicales, le constat s’impose de lui-même : ce quatrième Anthems Of Steel fut un superbe festival à taille humaine et intimiste ! Cerise sur le gâteau, il s’est posé à une vingtaine de kilomètres de chez moi ! Que demander de plus ?
Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).