La vingt-et-unième édition du Muscadeath s’est déroulée du 29 au 30 septembre 2023, dans la belle salle du Champilambart installée au coeur de la commune de Vallet, en Loire-Atlantique. Durant ces deux jours, nous avons fait de très belles découvertes mais aussi vécu quelques petites déceptions…
Le Muscadeath, désormais développé sur deux dates consécutives depuis son édition 2021, est l’un des festivals incontournables de l’Hexagone pour tout amateur de death metal. L’association Carnage Asso, instigatrice de l’événement et forte d’une sérieuse expérience en matière d’organisation, fait bien les choses. Ainsi, outre le fait que le lieu choisi s’avère parfait (grande salle bien équipée, vaste parking sur lequel les festivaliers venus de loin peuvent s’installer), tout est fait pour accueillir au mieux les festivaliers : bon aménagement de l’espace « merchandising », bar principal situé en fond de salle qui, du fait de son emplacement, ne gêne pas la circulation devant la scène, consommations proposées à des tarifs dans la moyenne (3 ou 4 euros le demi de bière), présence d’un second bar en extérieur, près de la zone de restauration et espace de repos protégé de la pluie qui, bien qu’un peu trop petit, permet de manger assis ou tout simplement de prendre une pause à l’air libre entre deux changements de plateau.
Il est toutefois dommage de constater que ce tableau presque idyllique soit entaché de quelques défauts chroniques qui se répètent au fil des années, alors qu’il serait assez simple d’y remédier. En premier lieu, et c’est une constante au Muscadeath, la qualité des éclairages de scène est déplorable sur quasiment tous les concerts. Or, comme toujours dès que ce souci est pointé du doigt, l’argument rétorqué par le technicien incriminé se résume au sempiternel « je n’y suis pour rien, je fais ce que les groupes demandent ». Bah voyons ! Ainsi, selon cette belle excuse, tous les artistes, qui officient pourtant dans des registres musicaux variés, demanderaient tous, sans exception, des éclairages mauvais (exploitation quasiment exclusive des sources de lumière en contre-jour, aucune lumière de face sur les musiciens qui sont alors à peine perceptibles), le tout noyé dans un excès de fumée qui donne l’impression de suivre un concert nocturne au sein du célèbre quartier londonien de Whitechapel baigné de son incontournable « fog ». La raison évoquée fait d’autant plus sourire que bon nombre des groupes qui passèrent au Muscadeath furent photographiés dans d’excellentes conditions de lumière lors d’autres événements qui, pour certains, eurent lieu dans des salles modestes. Parallèlement, comment se fait-il que, d’après les témoignages que nous avons recueillis (nous sommes partis après le set de Blockheads), les seuls concerts bien éclairés de cette édition furent ceux de Gorod et de Carcass, deux groupes qui firent appel à un autre technicien ? Preuve s’il en est besoin qu’il est tout à fait possible d’obtenir de belles lumières au Champilambart.
C’est un fait, tous les photographes qui évoquèrent le sujet sont unanimes : le Muscadeath est un festival vraiment attachant, organisé par une équipe aussi accueillante que compétente, mais dont le seul gros point noir se résume à la médiocrité de ses éclairages. Ainsi, il serait bon que l’organisation prenne enfin en compte ces critiques qui se veulent positives. Parallèlement, l’absence de pit photo ne nous facilite pas la tâche. Il n’est pas toujours facile de se concentrer sur son sujet quand on doit éviter un « slammeur » et que l’on utilise un matériel de prise de vue coûteux (plusieurs milliers d’euros). Fort heureusement, hormis ces aspects négatifs mais non rédhibitoires, le Muscadeath est un événement que nous avons toujours grand plaisir à couvrir, du fait du très bon accueil qui nous est réservé mais aussi de la qualité de sa programmation.

Vendredi 29 septembre
Six groupes furent à l’honneur lors de cette première soirée. La fête débuta par le passage sur scène de Circle Ov Hell, groupe nantais dont le black-death metal symphonique sonne juste et bien. Ils cédèrent ensuite la place aux parisiens de Moonreich qui nous offrirent un set efficace et carré. Aorlhac prit la relève pour un show énergique et original (black metal ponctué d’accents folkloriques).
Nous nous offrîmes une petite pause avant de continuer les festivités avec Acod (death metal teinté de thrash et de black) : l’un de nos meilleurs moments de la soirée. Quant à Necrowretch, le groupe nous offrit un moment fort sympathique de death metal « old school » saupoudré de consonances black metal du meilleur effet. La soirée fut conclue par God Dethroned qui, ainsi que nous pouvions nous y attendre du fait de ses trois décennies d’existence, donna un concert techniquement pointu qui séduisit rapidement le public. Cette journée d’ouverture du Muscadeath fut une réussite sans aucune déception du côté des concerts.
Samedi 30 septembre
Cette seconde journée fut plus chargée que la précédente puisque neuf groupes se partagèrent l’affiche. Nous n’avons toutefois pas couvert l’ensemble de sets, étant partis après le passage de Blockheads, ainsi que nous l’avons mentionné en amont. Atrocia ouvrit le bal avec son death metal technique et saccadé que j’ai plutôt apprécié. Vinrent ensuite les bordelais du groupe Iron Flesh dont les compositions dans la mouvance death metal « old school », lourdes à souhait, laissent bien transparaître la forte influence d’Obituary : un très bon concert !
Mais c’est bien Escuela Grind qui constitua la grosse surprise du festival. Ce groupe new-yorkais, porté par sa chanteuse Katerina survoltée, donna un concert de grindcore «à l’ancienne » d’une rare intensité qui fut assurément l’un des moments les plus forts du festival. Une énorme claque scénique ! L’anarchie régna aussitôt dans le public : circles pit et slams s’enchaînèrent sans discontinuer durant tout le set. Les lillois de Skelethal calmèrent ensuite un peu le jeu tout en nous gratifiant d’un très bon concert de death metal assez intense. Nous terminâmes notre soirée dans une débauche d’énergie via Blockheads qui mit un point d’honneur à communier avec son public d’entrée de jeu, son chanteur Xavier descendant alors rapidement dans la fosse pour se mêler aux festivaliers : un pur moment de grindcore dans une belle atmosphère de franche camaraderie.
Comme cela fut le cas lors des années précédentes, le Muscadeath fut une belle réussite. Fort de sa belle maturité et de son excellente réputation, ce festival mérite amplement son succès.
Photographies : Pascal Druel
Propos recueillis par Maryse Glon

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).