La sixième édition du festival Anthems Of Steel s’est déroulée les 10 et 11 mai au sein du théâtre Charles Trenet, en plein centre-ville de Chauvigny, dans la Vienne. Quatorze groupes de metal contribuèrent ainsi au succès de l’événement.
Comme un bon vin, le festival Anthems Of Steel se bonifie au fil des ans. Lors de cette édition, le site s’était ainsi enrichi d’un espace de restauration aménagé en plein air qui accueillit trois foodtrucks, proposant ainsi une diversité gastronomique de bon aloi. Il en fut de même du côté des deux bars qui affichèrent une carte bien garnie (vins, bières locales et autres softs). Ces derniers, placés à des endroits stratégiques (l’un en intérieur, près de l’entrée de la salle de concert, et l’autre en plein air, au coeur de l’esplanade herbeuse, dotée pour l’occasion de grandes tables circulaires, toutes agrémentées de chaises et de poubelles), ne gênèrent nullement la libre circulation des festivaliers, sans avoir à traverser une file d’attente (toujours courte du fait de l’efficacité des serveurs). Cette efficacité se retrouva également au sein des diverses équipes techniques : les changements de plateau furent tous réalisés dans les délais impartis et les concerts furent généralement bien éclairés. Cerise sur le gâteau, le soleil se joignit à la fête.
Dès lors, il ne fut nul besoin d’être grand oracle pour prévoir que cette édition du Anthems Of Steel, du fait de son affiche attrayante et de sa belle équipe de bénévoles gonflés à bloc, bénéficiaient des meilleurs auspices. Ainsi que nous pouvions nous y attendre, ces deux jours furent intenses et riches d’émotions.
Vendredi 10 mai –
Lors de cette première journée de festival, les concerts débutèrent à 15 h. La scène du théâtre Charles Trenet accueillit ainsi successivement sept groupes :
– Swamp Lordz : ce groupe poitevin au registre ancré dans un sludge doom au son très lourd, eut la délicate tâche d’ouvrir le festival devant une foule de festivaliers assez clairsemée. Leur concert trouva néanmoins son public, même si la plupart des titres joués furent trop lents à mon goût.
– Zoldier Noiz : survoltés et forts de leurs trois albums, les occitans de Zoldier Noiz ont fait grimper la température par leur thrash-death au son très brut, voire brutal ! De quoi dynamiser d’emblée le public qui répondit en masse à l’appel. Je ne les avais encore jamais vus sur scène et j’en garde le souvenir d’une belle découverte.
– Dunwich Ritual : c’est le seul concert du festival que nous avons manqué. De ce fait, il nous est impossible d’avoir le moindre avis sur la prestation de ce groupe de speed metal qui, d’après quelques témoignages recueillis auprès des festivaliers, fut très courte.
– Witches : quel plaisir de revoir sur scène la joyeuse bande de Witches, figure emblématique de la scène thrash-death metal de l’hexagone, et menée avec brio par Sybille Collin-Tocquaine, à la guitare et au chant. Ce fut une belle occasion de redécouvrir en live des morceaux dont l’écriture, pour la plupart d’entre eux, remonte à quelques décennies. Il est vrai que le groupe, fort de ses 38 ans d’existence, agrémentée d’une dizaine d’albums (sans compter les « démos »), bénéficie d’un catalogue de titres plutôt conséquent ! Un excellent moment empli d’une nostalgie pleine d’énergie.
– Venefixion : cette formation bretonne née en 2013 fut l’une des belles découvertes de la soirée. Leur death metal «old school» nous prit aux tripes : un show très visuel, d’une sonorité aussi brutale que sauvage, les musiciens s’étant partiellement grimés pour l’occasion, donnant ainsi à leur set une atmosphère très sombre qui sied admirablement bien à leur style musical.
– Cruel Force : force est de constater que les compères de Cruel Force, groupe de speed metal allemand affiche d’entrée une certaine autodérision, jouant sur les clichés chers aux ténors du genre des années 80 et 90 : décorum construit autour de murs d’amplis, foulards, lunettes de soleil et mimiques de scène surjouées. Un pur moment d’allégresse collective qui séduisit le vaste auditoire agglutiné contre les crash-barrières.
– Abysmal Grief : bien que le doom ne soit clairement pas le genre musical qui me touche le plus, force est d’admettre que le set très carré du quatuor italien marqua d’entrée de jeu. La recette fonctionne : chanteur « prédicateur » juché sur une chaire, déclamant avec une théâtralité assumée ses psaumes aux consonnances obscures, guitariste en soutane, compositions carrées et et interprétations aux « petits oignons ». Bref, un final parfait pour clore cette première belle journée du Anthems Of Steel.
Samedi 11 mai –
Forts des souvenirs accumulés la veille, c’est avec joie que nous nous rendons à cette deuxième journée du festival. Nous eûmes au menu :
– Infamy : le trio lillois nous ont offert un black metal old school énergique, sans fioriture ni grosse recherche sonore, mais néanmoins d’une efficacité aussi remarquable que brutale. Le groupe a rapidement trouvé son public, présent en masse pour ce concert d’ouverture.
– Iron Flesh : c’est dans un décor à l’effigie de la Boss HM-2 (véritable légende parmi les pédales de distorsion pour guitare électrique), que les bordelais d’Iron Flesh nous approvisionnent d’un appréciable death metal aux compositions très carrées.
– Mobütu : j’ai découvert Mobütu sur scène lors du Festival 666 et j’avais adoré leur prestation. J’étais donc ravi de les revoir au Anthems Of Steel. Bien évidemment, je fus de nouveau conquis par l’authenticité de leur « hard rock’n’roll » très marqué « Motörhead » et par la gouaille très orientée « second degré » de son chanteur et bassiste Olivier Maturin. Cela fait du bien dans ce climat social où le « politiquement correct » règne en despote, au nom d’une parodie d’idéologie communautariste et primaire. Ce concert fut l’un des meilleurs moments de la journée.
– Destrukt : a contrario, le cocktail de speed metal et de heavy metal de Destrukt me laissa quasiment de marbre, alors que je suis plutôt sensible à ce courant musical. Certes les titres du groupe sont musicalement élaborés et bien joués, mais j’ai ressenti une certaine dichotomie entre les notes et la voix de la chanteuse Athena. Il s’agit toutefois d’une impression très personnelle car les festivaliers parurent transportés par ce set.
– Skinflint : assurément l’un des O.V.N.I. du festival, ce trio botswanais, en véritable chantre du heavy metal d’inspiration africaine, apporta une belle touche de fraîcheur et d’originalité. Ce fut l’une des excellentes révélations de la journée.
– Skelethal : retour au death metal intense et endiablé ! Skelethal a, selon son habitude, tout donné sur scène pour le plus grand bonheur des festivaliers. Un set puissant, fort et dynamique.
– Destruction : est-il vraiment utile de présenter ces ténors du thrash metal allemand ? Quoi qu’il en soit, leur concert de clôture de festival, bien orchestré, théâtral, bénéficiant de belles lumières et débordant d’énergie enflamma le théâtre durant près d’une heure et demie. Un final énorme !
Une fois de plus, et pour notre plus grand bonheur, l’édition 2024 du Anthems Of Steel fut une vraie réussite, portée par une belle équipe de bénévoles aussi accueillants qu’efficaces. Ce festival à taille humaine est toujours aussi sympathique. Je profite de l’occasion pour remercier Hylde, Jean, Charles, Lucie, Anto, Nicolas, Anaïs, Lucas, Dylan et… tous les autres sans qui ce bel événement ne pourrait exister !
Pascal Druel
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).