C’est sous un soleil tout aussi radieux qu’il le fut la veille que se déroula ce deuxième jour de Hellfest. Comme bien souvent, je consacre mes premières heures sur le site à la prise de photos d’ambiance, notamment du côté du côté du Metal Corner et de la Hell City, avant de me consacrer ensuite pleinement aux concerts.
Je commence ma moisson d’images de scène par le concert des Burning Witches, quintet féminin suisse que je n’avais encore jamais eu l’occasion de couvrir : un excellent moment sous le signe du heavy metal, galvanisé par la très charismatique Laura Guldemond au chant. Sans transition, j’enchaîne avec Luc Arbogast qui s’illustre dans un style mêlant musiques médiévales et celtiques. Selon son habitude, le français à la voix de contreténor, musicalement actif depuis une trentaine d’années, joue en costume “historique” sur des instruments traditionnels. Je garde un agréable souvenir de son passage, sans toutefois avoir été totalement conquis. Sans doute m’a-t-il manqué un peu plus d’interactions avec le public, pourtant massivement présent sous la Temple.
Je change ensuite radicalement d’ambiance devant le concert de Nervosa. Les brésiliennes, survoltées, jouent un thrash teinté de death metal endiablé. Le public ne s’y trompe pas : les musiciennes sont ovationnées à plusieurs reprises pour leur excellente performance scénique. Je prolonge mon séjour sous les tentes par le set de Manegarm qui se déroula sur la Temple. Les suédois nous offrirent un bon concert mêlant harmonieusement trois essences musicales (folk, black metal et viking metal). Pour l’anecdote, le nom du groupe fait référence aux Managarm Sköll et Hati (loups géants et monstrueux dans la mythologie nordique). Sans transition, j’enchaîne par un bref passage dans le pit photo de l’Altar, en couverture du concert de 3 Inches Of Blood. J’ai vraiment bien aimé l’univers musical de ces canadiens, fondé sur l’alliance entre heavy metal et power metal. Sur ma lancée, je continue mon périple devant la prestation de Sowulo, entité musicale pagan et folk néerlandaise fondée par le compositeur multi-instrumentiste Faber Horbach. Bien que le public sembla apprécier, j’ai trouvé l’ensemble un peu trop planant pour moi. Je ne m’éternise donc pas et je file droit vers les Mainstages, histoire de profiter un peu du soleil.
J’arrive dans la file d’attente des Mainstages alors que le concert de The Cult est déjà bien commencé. Je le suis donc sans bouger de ma position. J’apprécie ce rock assez psychédélique des anglais qui trouva de suite son public. Il est vrai que Ian Atsbury et sa bande, qui écument les planches depuis le début des années 80, savent émouvoir les foules ! J’entre ensuite dans le pit pour me nourrir du metal symphonique des néerlandais d’Epica : un bon moment mené tambour battant par la chanteuse Simone Simons. Je prolonge un peu mon incursion dans le même registre musical par le set de Within Temptation. Je passe dans le pit photo sur le premier titre : la sculpturale chanteuse Sharon den Adel, masquée (elle ôtera son masque dès le début du deuxième morceau), s’impose d’emblée sur scène et met tout le monde d’accord. Ce fut l’un de mes meilleurs moments de la journée.
L’accès au pit durant le concert de Muse étant limité (seuls les photographes dont le nom est inscrit sur une liste restreinte sont alors autorisés à y entrer), je quitte les Mainstages en direction, une fois de plus, de la Temple, quelques instants avant le début du set des italiens de Wind Rose. Les musiciens, aux costumes rappelant curieusement les tenues baroques et autres armures démesurées si chères aux figurines Warhammer (franchise de jeux fondée par Games Workshop autour d’un univers inspiré de l’heroic fantasy), annoncèrent clairement la couleur : un déchaînement de power metal de bon aloi, mais quel dommage que les éclairages de scène ne furent pas à la hauteur de la prestation du groupe. Les éclairages, blafards et trop contrastés, masquèrent partiellement les tenues amusantes de nos bardes pisans. Malgré cette petite déception, je choisis de conclure en beauté cette magnifique journée par le concert de Sacred Reich. Ces trasheurs américains sont une valeur sûre : je n’ai jamais été déçu par une de leurs prestations, et celle-ci ne dérogea pas à la règle. Je quitte donc le site aux alentours d’une heure trente du matin, l’esprit guilleret et enjoué à l’idée de vivre encore les deux prochaines journées pleines de concerts sur le beau site de Clisson.
Pascal Druel

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).