Mon troisième jour de pèlerinage clissonnais fut riche d’émotions, les excellents moments scéniques étant parfois entrecoupés de rares déceptions musicales. Revue de détails…
Je commence cette belle journée de samedi en me consacrant à la prise de vue d’ambiances, avant même de franchir l’espace V.I.P.. C’est finalement en milieu d’après-midi que j’entre sur le site. Je consulte alors la liste des restrictions photographiques : ainsi que nous l’avions supposé, l’entrée dans le pit photo durant les passages de Judas Priest et de Scorpions est limité à quelques rares photographes inscrit sur une « short list », comme c’est bien souvent le cas pour une ou deux têtes d’affiches quotidiennes. Rien de bien grave même si, bien évidemment, j’aurais aimé photographier ces deux entités mythique du metal. Je suivrai donc ces concerts de loin pour le plaisir.
J’inaugure mon entrée dans le pit photo par le set de Visions Of Atlantis qui fut assurément une belle entrée en la matière : décor scénique riche et soignée, excellente prestation des musiciens, portés par la belle voix de la chanteuse soprano française Clémentine Delaunay qui, avant de rejoindre cette formation autrichienne de metal symphonique, avait officié dans Whyzdom et Serenity. Je change ensuite complètement de registre en me glissant sous la Temple pour y couvrir Spectral Wound, groupe québecois de black metal que je découvre alors sur scène. Inutile de tergiverser : j’ai adoré. Les musiciens, comme possédés, déclament leurs titres sans temps mort ni anicroche musicale. C’est puissant, sombre mais beau !
Je poursuis mes déambulations par le concert de Beyond The Black, célèbre entité allemande de metal symphonique qui écume les scènes depuis 2014. J’en retiens un bon concert rythmé, propre et bien emmené par la chanteuse Jennifer Haben. Rien de bien original mais force est d’admettre que ces germains connaissent leur boulot ! Quelques instants plus tard, je retourne sous la Temple pour suivre le set des russes de Grima, apôtres du black metal symphonique : intéressant mais pas inoubliable. J’en ressors un peu déçu, sans doute du fait que les musiciens, tous masqués, se contentent de jouer sans vraiment interagir avec leur public. J’ai ainsi plus l’impression d’assister à une répétition qu’à un concert, ce qui me gêne toujours un peu.
Puis vint le concert de Savatage que je n’aurais voulu manquer sous aucun prétexte ! Ces américains, increvables, qui défendent ardemment les valeurs du heavy metal depuis la fin des années 70, donnèrent tout sur scène. Le sextet, mené de main de maître par son chanteur Jon Oliva, s’attira, instantanément et à juste titre, les faveurs du public. Un autre excellent moment ! J’orbite encore un peu autour des Mainstages devant le show de SatchVai Band, projet musical réunissant les guitaristes Joe Satriani et Steve Vai. Je garde un bon souvenir du passage de ce célèbre binôme, dont les compositions musicales, artistiquement attrayantes, ne se limitèrent pas à la simple démonstration de virtuosité technique, que je trouve toujours assez rapidement ennuyeuse, de par son côté narcissique et le manque d’émotion qui en ressort. Mais il est vrai que les deux compères se connaissent depuis quelques décennies et savent parfaitement harmoniser leurs sensibilités artistiques.
Je m’octroie ensuite une pause à l’espace V.I.P. pour y retrouver quelques amis, avant de continuer mon parcours devant le concert d’Abbath. Alias Olve Eikemo. Habitué des concerts de ce norvégien, défenseur du black metal, je m’attendais à une nouvelle prestation enfumée et très mal éclairé : bingo ! Mais quel est donc l’intérêt de se grimer ainsi d’un maquillage tranché, mêlant blanc et noir, alors que les musiciens, perdus dans un fog aussi artificiel qu’inutile, se devinent à peine sur scène. Bref, une déception, même si j’apprécie la plupart des titres joués. Je transite alors sous l’Altar, dans l’idée de couvrir Leprous, autre formation norvégienne, s’illustrant quant à elle dans un registre metal progressif. Je ne retiens pas grand-chose de ce concert, les musiciens étant le plus souvent perceptibles sous formes d’ombres chinoises, induites par la prédominance des éclairages situés en contre-jour : dommage ! Sans transition, je conclus cette journée en compagnie de Blood Fire Death, combo créé par d’anciens musiciens de Bathory, célèbre groupe suédois de black metal, en hommage à son fondateur Thomas « Quorthon » Fossberg disparu trop tôt en 2004, alors qu’il n’avait que 38 ans. Une belle façon de terminer avec nostalgie ce troisième jour de Hellfest, avant d’entamer le sprint final du lendemain.
Pascal Druel

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).