La seizième édition du Motocultor s’est tenue du 14 au 17 août inclus, à Carhaix, dans le Finistère. Forte d’une fréquentation en hausse de 15 % par rapport à celle de l’année dernière, elle fut un franc succès, preuve si besoin en était que le metal se porte bien.
Couvrir le Motocultor est un plaisir sans cesse renouvelé, d’autant plus que le festival, désormais bien établi sur le site de Kerampuilh (Carhaix), prend clairement ses aises : tel un bon vin, il se bonifie avec le temps. De sérieux efforts ont été faits pour bien accueillir les 62 500 festivaliers présents cette année : les stands de restauration et les bars proposèrent un vaste choix de plats et de boissons à déguster, comprenant une belle carte de bières locales (il est bien loin le temps où la Bavaria 8,6 était la seule boisson houblonnée disponible sur le site, et tant mieux), tandis que les points d’eau et les toilettes, en augmentation par comparaison avec l’année dernière, ajoutèrent au confort du public.
Comme à l’accoutumée, le jeudi, première journée du festival, fut aussi la plus courte, ce qui permit de s’échauffer pour les trois suivantes sans trop se fatiguer. Il n’est donc guère étonnant qu’elle fut aussi celle ayant la plus faible fréquentation : 13 000 personnes (contre respectivement 15 000, 15 500 et 17 000 les vendredi, samedi et dimanche). Une fois doté de mon accréditation délivrée en début d’après-midi, je me rendis donc dans le pit photo pour 15 heures, en couverture de Dogma, quintet américain strictement féminin qui officie dans un registre mixant heavy metal et rock plutôt intéressant, même si force est d’admettre que ces dames marquèrent plus les esprits par leurs costumes de nonne, en parfaite opposition avec leurs attitudes très suggestives plus proches de ce que nous pourrions attendre de succubes, et non de religieuses. Cette dualité toute en clichés, associée à un réel sens de la communication, firent mouche auprès du public. Une excellente mise en bouche pour la suite de la journée. J’enchaînai avec Versatile, quatuor suisse dont chaque membre a le visage grimé ou partiellement masqué. Leur black metal saupoudré de sonorité « indus » fut agréable à l’écoute, bien que les musiciens eurent du mal à prendre possession de toute la scène, notamment du fait du peu d’interactions entre eux, chacun jouant dans son coin.
Je fis ensuite une première pause à l’espace V.I.P., en vue de partager quelques instants avec des confrères de longue date, avant de me jeter à nouveau dans le pit photo, pour une franche rigolade en compagnie des tchèques déjantés de Gutalax qui, tout comme ils le firent quelques semaines plus tôt au Hellfest, déclenchèrent immédiatement des vagues ininterrompues de slammeurs (dont un dans une poubelle à roulettes) qui donnèrent quelques sueurs froides aux agents de sécurité, pourtant aguerris et chargés de les accueillir. Un pur moment de délire grindcore et de franche rigolade entre gentils décérébrés. Nettement plus sérieux fut le set de Tesseract qui suivit aussitôt sur la Dave Mustage. Le metal progressif de ces britanniques, puissant et lyrique, remit les pendules à l’heure. J’en retins un très bon souvenir.
Tout aussi intense fut le concert de Nailbomb, groupe de thrash metal indus formé par Max Cavalera, dont le passage sur scène, malgré un chanteur en petite forme, déchaîna le public qui s’agita gaiement dans des tourbillons de poussière qui n’auraient pas juré dans un western du regretté Sergio Leone. Omniprésente sur le site, la poussière poussa beaucoup de gens à se protéger la bouche et le nez via un masque ou un foulard. Elle fut sans doute l’un des seuls gros points négatifs de cette édition du Motocultor. Je poursuis ma course d’un pit photo à un autre en passant par celui de Mogwai, dont les titres instrumentaux, joués les uns après les autres sans la moindre interaction avec le public, ne me laissèrent pas un souvenir impérissable. A contrario, j’ai apprécié la prestation de Magma. Il est vrai que Christian Vander, dont la carrière musicale débuta en 1969, connaît son affaire. Mon seul regret concerne les éclairages de scène qui manquèrent de peps.
Je prolonge mon parcours devant I Prevail, dont j’apprécie la bonne coordination entre les musiciens, même si ces américains nous gratifient d’un show très orienté metalcore, courant musical qui peine toujours à me séduire. Je conclus ensuite cette première journée de Motocultor par le set de Samael, formation suisse dont je n’ai pas suivi l’évolution depuis son quatrième album Passage qui m’avait cruellement déçu lors de sa sortie en 1996 (il y a des lustres), marquant ainsi une totale rupture avec son monstrueux prédécesseur Ceremony Of Opposite. Je ne m’attendais donc pas forcément à vivre un instant fort. J’avais tort ! Ce concert de clôture, mené d’une main de maître par son frontman Vorphalack (alias Vorph), rehaussé par des éclairages dramatiques et chaotiques fut une franche réussite. Une excellente première journée !
Pascal Druel
Impressions recueillies par Maryse Glon

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).