Ce deuxième jour du Motocultor 2025 se déroula sous un soleil de plomb, au sein d’une poussière omniprésente. Mais il en aurait fallu bien plus pour décourager les festivaliers présents en masse : 15 000 répondirent à l’appel durant cette date de l’Assomption.
J’ai entamé ma moisson d’images de la journée devant les bretons de Tanork, trio de death metal qui, d’emblée, chauffa un public déjà grillé par l’impitoyable rayonnement de notre petite étoile, avant de clôturer leur set par une belle reprise de Sepultura. Sans même avoir atteint ma vitesse de croisière, je m’offris pour la énième fois le plaisir de couvrir le concert de Benighted : impossible de résister à l’énorme capital sympathie qui émane de Julien Truchant accompagné de ses fidèles acolytes, d’autant que jusqu’ici, je n’ai encore jamais été déçu par l’une de leurs prestations scéniques. Les stéphanois comptent depuis longtemps parmi les maîtres du brutal death metal. Sans transition, je changeai ensuite complètement de domaine avec Five The Hierophant. Une forte odeur d’encens plaça l’ambiance, à la fois lourde et vaporeuse, tel un hommage aux groupes « planants » des années 70, comme Sweet Smoke et, dans une moindre mesure, Led Zeppelin ou Black Sabbath. Chaque note, lourde, prolongée, était longuement distillée, figeant ainsi le temps. Pris au jeu, c’est dans une certaine torpeur que j’évacuai le pit photo de la Massey Ferguscène, pour me ruer dans celui de la Supositor Stage, où se produisait Sublime Cadaveric Decomposition. Exit l’extase onirique ! Les français, adeptes d’un gore grind teinté d’une bonne dose d’humour, remirent les pendules à l’heure et me ramenèrent à la réalité du moment, décapant et brutal.
Gonflé à bloc par ces changements radicaux d’ambiance d’un concert à un autre, je continuai par le set d’Heriot, groupe britannique de metalcore, au sein duquel l’énergique chanteuse et guitariste Debbie Gough s’égosilla suite à des soucis de micro. Mais rien ne semblait en mesure d’arrêter cette anglaise, pleine d’une énergie qu’elle communiqua sans peine au public, qui lui répondit en effectuant le circle pit qu’elle avait demandé. Sans m’éterniser devant cette belle symbiose entre artistes et festivaliers, je m’éclipsai pour suivre le set de To The Grave, dont la prestation me laissa de marbre. J’ai trouvé leur deathcore décevant et leur prosélytisme idéologique trop outrancier à mon goût, même si le public sembla apprécier. Sans me formaliser, je poursuivis mon périple par le concert de Benediction : un pur moment d’excellent death metal « old school » ! Les britanniques, chauffés à bloc, donnèrent tout. Le public, massivement agglutiné contre les crash barrières, ne s’y trompa pas ! Ce fut assurément l’un de mes concerts du jour. J’ai également apprécié le passage sur scène de Darkenhöld. Les niçois, habillés de vêtements à la coupe médiévale, donnèrent une belle prestation, malgré quelques petits soucis de son. Leur black metal « old school » séduisit le public qui les gratifia de nombreuses ovations.
Après un bref passage à l’espace presse, je me ruai dans le pit photo, en couverture de Lacuna Coil, l’une des grosses pointures de la journée, dont le duo de vocalistes formé par Cristina Scabbia et Andrea Ferro fait toujours autant mouche. Certes le metal gothique de ces italiens a évolué au fil des années, mais quel groupe reste monolithique après plus de trente ans d’existence ? J’ai donc toujours autant de plaisir à les écouter et à les photographier au fil des ans. Encore tout guilleret, je me faufilai ensuite devant la Supositor Stage, sans savoir que j’allais prendre l’une de mes grosses claques de la journée avec le set de Fleshgod Apocalypse, pourtant couvert plusieurs fois auparavant. Personne ne se refait : j’aime le death metal symphonique de ces italiens et je suis très réceptif à la voix de la chanteuse Veronica Bordacchini. Encore tout ému à la sortie du pit, je déambulai en direction de l’espace presse où je rejoignis de nombreux confrères. Durant cette première pause bien méritée, je suivis de loin le concert de Kerry King, que je trouve toujours aussi bon.
Bien décidé à prolonger en beauté ce vendredi, je m’offris une autre dose de death metal via Tribulation, que j’avais déjà couvert lors d’une précédente édition du Motocultor. Malgré quelques changements de line-up, les suédois ont su conservé toute leur verve. Leur concert, sans être extraordinaire, me fit vivre un bon moment. Puis vint l’apothéose du jour, via le magnifique set de Dimmu Borgir, dont le black metal symphonique me va toujours droit au cœur. Quelle magnifique concert de clôture de journée : de quoi nous gonfler à bloc pour les deux jours suivants !
Pascal Druel
Impressions recueillies par Maryse Glon

Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure Louis Lumière, amoureux d’images et photographe au quotidien, j’explore depuis plus de 30 ans la photographie sous diverses formes (prise de vue, développement et tirage argentique, contrôle qualité, repique, traitement et retouche numérique, graphiste, prise de vue, formateur, photographe indépendant). En outre, je collabore occasionnellement avec Chasseur d’Images (magazine pour lequel j’ai été rédacteur pendant une douzaine d’années), signe des ouvrages (publiés aux Editions Eyrolles), réalise de multiples prestations photographiques (books, reportages, mariages) et couvre en images de nombreux festivals et concerts (150 à 200 scènes par an).